sábado, 11 de julio de 2009

APRÈS LA MORT

Dans le refuge de la nuit
la vie se déplace légèrement.


Si superbe
si spectaculaire était le poème entre les ombres,
que ne me suffira pour l’écrire,
ni le matin, ni la nuit,
ni le reste de ma vie.

Je navigue comme naviguèrent les grands navigateurs,
à l'aveuglette,
le pouls retenu par l'émotion à chaque instant,
flairant la terre ferme en toutes directions
et ainsi,
de nouveau la mer et le profond ciel permanent.
Des vents parfumés
et des poissons affolés par la faim, fêtent,
l'imminence d'un nouvel échec.

Personne ne doit mourir dans cet oubli,
surgissent, fortifiés,
par la haine de continuer à chercher,
des imprécations et des blasphèmes.
Capitaine de l'ennui,
cherchant toujours la terre ferme,
trouvant toujours des mers ouvertes et des parfums,
des océans fermés.

Avec l'orgueil d'un homme enchaîné
et libre,
je finirai un jour par crier entre tes bras:
j'ai tué Dieu, je veux la récompense
et, sans aucun doute, quelqu'un me donnera 30 deniers
et ma folie continuera d'avancer sur tout.

Il vient du sud, diront-ils, c'est un hors-la-loi.
Anguille fuyante et vorace,
électrique parfum entre les pierres,
parole démesurée, c'est le poète.

Je viens pour qu'avec moi meure l'ultime.
Au-delà du néant commence mon chemin.

Un homme est a un autre homme, son poète et l'Autre.
Olympique destin et, à la fois,
furie embaumée retenue.
Contraste primordial entre mon être et le monde.

Un homme est à un autre homme, son regard et le ciel.
Pigeon voyageur et, à la fois,
nostalgique assassin entre les ombres.
Chant entrecoupé peuplé de silences.

Un homme est à un autre homme, la mort et son miracle.

J'essaye d'arracher le bandeau de mes yeux,
je donne de durs coups au centre même du timon,
pour dévier le cap et je n'arrive à rien.
Je fume des cigares et je bois des alcools forts.
Je dessine entre les yeux de la femme que j'aime,
la possibilité d'un nouveau parcours,
et face à ce regard émerveillé par ma terreur
je romps le sextant et la petite boussole marine,
et en plein cœur du brouillard
-au début de cette nouvelle fin-
je jette comme si c'était des déchets
mes derniers souvenirs àa la mer
et je baise tes lèvres.

Terre ferme
et notre bateau se tord entre les vagues,
mouvements désespérés sur le point de sombrer,
sont le mouvement de nos corps.
Baves et laits
se confondent avec le torrent d'eaux marines
et algues
et brillants mollusques comme des perles,
sacrifiés à un dieu.

Mer ouverte
et notre bateau échoue
sur les fiévreux battements de ton cœur,
tambour parmi les légers murmures de la foret vierge.
Indompté
-sauvage nichant dans la broussaille-,
j'arrache ton sexe de la terre, violons de la musique,
mouvements comme des poignards s'enfonçant dans le ciel.

Avant de commencer mon nouveau chemin,
j'essaye de signaler le point de départ.
Je pars d'où l'homme se débat,
dans les bras sanglants du néant.

Je suis cet homme,
mordu traîtreusement par la vie humaine,
aliéné dans le rythme hébété de la montre,
affolé par le bruit palpitant des machines,
assombri par la luxure des dieux assassins
-hommes solitaires et, aussi, hommes habités-
et, cependant, je fais mon premier pas.
Petit pas,
je n'amorce pas une course véloce vers les ténèbres,
parce que je suis un homme effrayé,
qui ne sait plus si son prochain pas
sera marque ou niveau d'autres pas humains
ou l’impasse de sa mort.

Aux pas suivants cela me désoriente
de voir mon nom dans le nom des rues,
indiquant la direction désirée.
Brutale rencontre avec moi-même et je continue à marcher,
parce que continuer à marcher vers une autre découverte chaque fois,
après les premiers pas devient une habitude.
Et pourtant, on se dit aussi: ici je m'arrêterai.
Derrière moi, seulement des montagnes,
et je sèmerai cette terre,
et j'attirerai avec mon chant l'eau de la pluie
pour que tout fleurisse et se reproduise
et que le féminin soit loi de l'amour,
pomme délirante sans péché,
et dans ce paradis je vivrai, tranquillement, un temps.
Ensuite un humain habitant du néant de Dieu
essayera de me coloniser et il n'y aura pas de guerre non plus.

Quand sécheront les fleurs,
quand pourriront définitivement les fruits,
parce qu'on ne les soigne plus avec amour,
je ferai un autre pas de plus,
un petit pas ému comme ce premier pas,
et ainsi, sûrement, je verrai différents horizons,
et ainsi, sûrement, un jour, je mourrai en marchant
et il ne se passera rien,
parce que les violents parfums de mon corps,
quand je marche, sont mes propres paroles
et ainsi, je vois mon nom volant dans cette odeur hallucinée,
au-delà de ma mort,
en train de marcher.


de MIGUEL OSCAR MENASSA

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